Manducus RHÖTTE

85. Les villes modernes se sont transformées en masques derrière lesquels il n’y a rien de perceptible. Ce rien est fait de millions d’existences misérables prisonnières de la mécanique urbaine inflexible, de morts-vivants se mouvant à l’intérieur des murs où règnent des idoles parlantes et ronflantes qui réclament et obtiennent une obéissance aveugle. Les paroles qu’elles profèrent sont presque toujours des lieux communs chargés de sottise et d’hébétude. La force de l’imagination qui y survit est mise à bien rude épreuve au milieu de ce bain corrosif. Pourtant, il faut s’efforcer d’imaginer que dans l’une de ces maisons, étranger au règlement de copropriété, sans numéro de Sécurité sociale, se cache un Ange blessé qui lèche ses blessures, solitaire.
Guido Ceronetti
Le territoire humain appartient à l’humain. Il n’y a pas d’autre monde à peupler.

Au sommaire de ce second numéro de 2025, MANDUCUS RHÖTTE nous livre, comme au goutte-à-goutte un acide, les notes d’une ascétique.
Vulnérabilité et rudesse s’y entremêlent en treille sur un axe d’innégociable, fleur de quartier, pétales de Banlieue, feuillets d’égouts et de friches indus.
On zone dans l’effacement méthodique.
On squatte l’auto-éconduction.
On émarge aux franges rongées de la cité et des urbanités germées personnes.
C’est qu’on porte l’art de la DÉRIVE SITUATIONNISTE en Interne – on rive l’art du déport –, pour faire de la Psycho-géographie une discipline sans espace, sans perception, sans médiation –
pour en faire une PSYCHO-ENDOGRAPHIE.

